Certaines formes de vie peuvent être qualifiées de liminales tant elles côtoient les seuils et les frontières du vivant ; c’est le cas des vies invertébrées. Nous ambitionnons ici de questionner la place de ces bêtes molles et plastiques, longtemps déconsidérées, dans les champs de la philosophie environnementale et de l’esthétique. L’étiquette « invertébré » n’a plus de sens biologique aujourd’hui ; nous exportons une notion qui n’existe plus dans le domaine où elle a été créée, du moins qui ne correspond pas à un groupe phylogénétique. Mais comment peut-elle encore informer nos discours philosophiques et esthétiques ? Pourquoi avons-nous fait des invertébrés nos opposés ? L’animalité invertébrée est-elle encore plus radicale qu’une simple animalité mammifère ? Quels enjeux les invertébrés posent-ils à nos perceptions ? Comment ce concept anthropocentré, obsolète, peut-il nous faire interroger nos positionnements esthétiques ?
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